Sutherland refuse tout soin. Il décline l’assistance médicale, rejette les propositions d’intervention chirurgicale, de prothèse visuelle, de simulation sensorielle. Il se retire dans l’obscurité de son laboratoire pendant 30 jours, seul, silencieux, presque absent. Ce retrait n’est pas une fuite, mais une mise à l’épreuve. Il teste les limites de son corps, de son esprit, de son deuil visuel. Certains témoins parlent d’un jeûne lumineux, d’un isolement volontaire proche des rites d’initiation.
Les murs de son laboratoire deviennent les parois d’une caverne intérieure. Il consigne tout dans un carnet qu’il dicte à voix basse : pensées disloquées, fragments de phrases, formules à demi effacées. Il comprend peu à peu que la vue n’est pas la seule voie vers la connaissance. Ce que l’image voilait, l’ombre le révèle. Dans l’absence surgit une autre forme de clarté.