Guidé sans image, Ivan Sutherland apprend à naviguer dans un univers désormais fait de sons, de souffles et de textures. Pourtant, dans l’épaisseur de l’obscurité, les images ne disparaissent pas totalement : elles persistent, surgissant sans prévenir, fantômes obstinés d’une vision révolue. Chaque son déclenche une mémoire visuelle ; chaque texture évoque des contours, des lumières perdues. Ces réminiscences, tour à tour rassurantes et douloureuses, le hantent comme un écho lointain, irréel et inatteignable. Les visages aimés, les paysages familiers, les interfaces numériques qu’il avait créées reviennent sous forme d’hallucinations lumineuses.
Ce n’est pas la vue qui manque à Sutherland, c’est son pouvoir d’oublier. Peu à peu, il réalise que ces souvenirs visuels sont autant de chaînes dont il doit se libérer pour embrasser pleinement la réalité sensible qu’il commence à peine à explorer.